Après l'abandon de l'avion d'attaque Breguet Br.960 Vultur, il fut décidé de concevoir un avion de lutte anti-sous-marine à partir de la même cellule, qui avait montré ses qualités. Le réacteur arrière du Vulture fut supprimé et remplacé par un radar escamotable, tandis qu'un turbopropulseur Rolls-Royce Dart était installé à l'avant. Le fuselage fut largement modifié, notamment pour permettre d'installer un troisième membre d'équipage, ainsi que les ailes qui reçurent des nacelles encastrées sur les bords d'attaque. Le second prototype du Breguet Br.960 Vultur fut modifié comme démonstrateur de l'Alizé, afin de permettre de valider certains des choix qui avaient été effectués. Il conservait son moteur Armstrong-Siddeley Mamba mais n'avait plus de réacteur, le poste de pilotage était entièrement modifié, les nacelles installées sur les ailes et un radar fixe monté sous le fuselage. Ce fut cependant un piètre démonstrateur à cause de ses caractéristiques de vols très limitées et de son pilotage difficile. Le premier des trois prototypes de l'Alizé fit son vol inaugural le 5 octobre 1956. Les premiers essais montrèrent de mauvaises qualités de vol qui nécessitèrent une longue période de modifications et de mise au point. Le troisième prototype disposait d'un moteur plus puissant, qui sera retenu pour la production en série. Les essais de catapultage et d'appontage furent d'abord réalisés à partir d'installations au sol (mai 1957) puis depuis un bâtiment britannique (le HMS Eagle) en 1958. Les prototypes furent suivis par deux avions de pré-série, et le premier exemplaire de production livré en mars 1959. Entre temps, la commande initiale de 100 exemplaires avait été réduite à 75. Au total, 89 exemplaires de l'Alizé ont été construit entre 1957 et 1962, dont 12 destinés à l'Inde. En France, les Alizés furent déployés sur les porte-avions Clemenceau et Foch, mais aussi à terre pour l'entraînement. L'Aviation navale a modernisé les Alizés à plusieurs reprises. Trente exemplaires furent modifiés en 1964-1965 pour recevoir le système de bouées sonores Jézebel et être capable de tirer une torpille Mk-43 et le missile anti-surface AS-12. Au début des années 1980, 28 appareils furent mis à jour au standard ALM (ALizé Modernisé) avecun nouveau radar Thomson-CSF Iguane (aussi utilisé sur l'avion de patrouille maritime Atlantique), un nouveau système de navigation OMEGA, un détecteur de radar ARAR 12 (Mesures de renseignements électroniques, en anglais Electronic Support Measure) et un système de traitement des données émises par les bouées acoustiques. Un autre programme de modernisation au début des années 1990 dotèrent 27 appareils d'un nouveau système de leurre et d'une nouvelle avionique avec bus de données. Enfin, en 1996/1997, 15 avions furent dotés d'un système optronique infra-rouge secteur frontal Thomson-CSF TTD Chlio. Malgré ces améliorations, il était clair que les Alizés ne pouvaient plus faire face aux sous-marins nucléaires modernes et les avions furent relégués au rôle de patrouilleurs maritimes. À la fin de 1997, l'Aviation navale continuait à utiliser 24 exemplaires pour des patrouilles côtières, même s'ils étaient clairement en fin de carrière. Le dernier Alizé fut retiré du service en 2000 avec la mise à la retraite du Foch. L'Inde a utilisé ses Alizés à partir de bases terrestres mais aussi depuis le porte-avions léger INS Vikrant. Le nombre d'exemplaires en service dans la marine indienne a commencé à diminuer durant les années 1980. L'avion fut relégué à des patrouilles depuis la terre à partir de 1987 et finalement retiré du service en 1991, pour être remplacé par des hélicoptères. |